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The Full Story

Formée à l’approche plastique de l’objet utilitaire (Parsons, New York et Central Saint Martins, Londres), collaboratrice occasionnelle de Ross Lovegrove et Karim Rashid, Letizia de Maigret a très tôt orienté en parallèle sa recherche artistique dans le sens d’une quête ontologique sans réponse ni fin, renouant avec les grandes interrogations qui habitent l’humanité : quête de sens, des origines, de la permanence et du changement, de la relation harmonieuse et juste à notre environnement, quête de joie aussi, le mystère universel n’étant pas dépourvu pour elle d’une dimension festive, de célébration, à l’instar de l’œuvre d’un Poussin dont elle dit toute l’admiration qu’il lui inspire et l’influence dont elle se réclame.

 

C’est dans cette résurgence d’un Âge d’or, recherché et revendiqué non comme principe nostalgique mais visionnaire et tendu vers l’avenir, qu’elle inscrit l’ensemble de sa démarche artistique.

Fortement influencée par la philosophie grecque antique (Anaximandre, Socrate), Letizia de Maigret propose dans ses œuvres un véritable parcours de sagesse en art, où l’art et la vie se mêlent pour proposer une expérience de dépassement des contraires, réfutant en l’objet artistique la dichotomie initiale des principes apollinien et dionysien évoqués par Nietzsche dans La Naissance de la tragédie.

 

Ainsi, c’est dans la positivité de l’acte artistique que se résout le constat du délitement de la langue inspiré par la pensée de Chomsky (CONVERSATIONS, 2015) ; dans le retour obstiné de l’expérience objective – celle des mondes mous conceptualisés par Zygmunt Baumann – que se joue pour elle une interrogation environnementale à laquelle nous ne devons pas échapper (NATURES MORTES, 2014) ; ou encore dans la perception de l’objet comme troisième terme, résultante de deux principes originels opposés, que se voit proposée une forme de résolution cinétique à l’indépassable antithèse première, avec le DANCER THINKER/ PHILOSOPHICAL RULERS (2013).

 

Privilégiant la dimension éminemment dialogique de l’art, Letizia de Maigret n’hésite pas en effet à faire chaque fois de l’œuvre une puissante chambre d’écho aux interrogations qui la sous-tendent, comme aux autres approches artistiques, littéraire et philosophiques, convoquant sans relâche l’œuvre et la pensée de philosophes, artistes, poètes, scientifiques avec qui ses propres interrogations résonnent.

Elle qui se dit profondément marquée par la dimension poétique du monde, définie par la lecture et l'amour des mots, lui propose en réponse ou réaction la matérialité plastique et physique de l’objet.

Elle revendique comme son fil rouge ce mode d’expression, où l’objet cristallise en lui à la fois une approche, une démarche, une interrogation, constituant au fil du temps une sorte de biographie artistique, des premières KITCHEN VENUS en 1995, aux VENUS’S MOULD en 2006, puis aux YEUX HORIZONS en 2019.

 

Cette conception organique de l’activité artistique au sein de l’œuvre humaine trouve pour Letizia de Maigret de puissants échos dans l’Arte Povera, comme dans l’approche visuelle insolite de Mann Ray, l’œuvre plastique de Giacometti, ou la démarche intellectuelle de Marguerite Humeau.

 

Récemment, c’est du côté de l’approche scientifique que Letizia de Maigret trouve matière à une nouvelle inspiration dialogique, autour de la découverte en 2017 des ondes gravitationnelles.

Sa participation artistique aux approches croisées art et science proposées par Stavros Katsanevas, directeur de EGO (European Gravitational Observatory), à des artistes de rang international parmi lesquels Tomas Saraceno, Raphael Dellaporta, Aitor Ortiz ou encore Bertrand Lamarche, lui a offert de reformuler sous un nouvel angle sa problématique ontologique de fond.

 

Paradoxalement ainsi – un paradoxe d’apparence seulement –, ce sont les avancées les plus exigeantes de la physique contemporaine qui lui permettent de réaffirmer avec force sa croyance en une nostalgie agissante, celle du Parnasse chanté par le pinceau de Poussin, d’un sublime qui verrait réconciliés la quête de savoir et l’admiration du mystère.     

  

Le dialogue qu’elle a entamé depuis 2019 avec la philosophe Céline Flécheux, auteur de « L’Horizon des traits de perspective au Land Art » autour de la production de l’œuvre YEUX HORIZON témoigne de cette nouvelle ouverture de sens, propice peut-être à un nouveau renversement ontologique : une démultiplication de notre habituel horizon (des choses, visuel, de pensée…), et son renversement dynamique dans un œil vu-voyant.

Ultime hommage au Parnasse par l’intermédiaire de Nerval, les yeux de l’âme des poètes enfouis dans la nuit du temps.     

 

 

« Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,

Seuil de l’ancien chaos dont le néant est l’ombre,

Spirale engloutissant les Mondes et les Jours ! »

 

Gérard de Nerval, Le Christ aux oliviers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dorothée Marciak

14 novembre 2021

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